Une descente chez les morts. C'est joyeux, non? (Lilith)

Oups...

Le pas chancelant, notre sorcière tentait de retrouver son chemin à travers ce qui ressemblait à un large couloir de pierre. Une soirée bien arrosée à la taverne, suite à une brillante trouvaille - une idée de génie qui en aurait rendu jaloux plus d'un -, l'avait empêché de savoir exactement où elle mettrait les pieds. Le tavernier en avait eu marre de voir Mara-Anni se dandiner ici et là et à aborder chaque client avec un grand sourire. Les ivrognes en avaient été ravis, bien entendu, mais ceux qui savaient consommer avec modération ne pouvaient que se moquer et murmurer quelques commentaires désobligeants sur son passage. Dans sa fierté, la centenaire avait franchi le seuil, la tête haute, le bras meurtri par la poigne du propriétaire des lieux. Et oui, elle n'aurait pas été capable de sortir d'elle-même; l'appel des festivités et de ses nouveaux 'amis' l'auraient forcé à demeurer encore quelques instants à l'une des nombreuses tables.
Bref, une fois expulsée de l'échoppe, elle s'était dirigée dans une direction totalement hasardeuse. Le ciel, déjà d'un noir d'encre parce qu'il faisait nuit, avait semblé s'assombrir davantage. Les nuages s'étaient regroupés en masses menaçantes, mais aucune trace d'orage ou de tempête. Il s'agissait-là d'un effet secondaire de l'alcool sur l'esprit de la sorcière; elle ne contrôlait plus ses pouvoirs. Il pouvait donc pleuvoir comme il pouvait neiger. Pire encore; elle pouvait complètement dérégler le système de jour et de nuit, faisant à nouveau briller le soleil alors que les ténèbres venaient tout juste de s'abattre sur la région.
Heureusement, cette fois-ci, rien de fâcheux n'arriva. Sans doute parce qu'il n'y avait personne non plus pour la contrarier ou pour la mettre en colère.

Elle s'arrêta devant un mur suintant d'humidité et en voyant son ombre, elle crut qu'il s'agissait d'une autre personne. Elle commença par tendre la main dans sa direction, comme pour caresser un visage ou quelques mèches de cheveux. Mais au final, son poing se crispa et elle se mit à marteler le roc avec force, quitte à se blesser. En plus, le tout s'accompagnait de paroles mal assurée, quelques peu loufoques et sans syntaxe aucune. Il était clairement visible qu'elle était saoule. Mais qui aurait pu le lui faire gentiment la remarque? Les morts? Les chandelles s'étant presque entièrement consumées sur leur chandelier oxydés et rouillés? Les dalles glacées du plancher?

Personne.

Dans cet endroit macabre où rares étaient les visiteurs - il fallait avoir une bonne raison pour descendre dans les catacombes -, Mara ne pouvait que se crier à elle-même toutes les choses qui lui passaient par la tête; sa voix reviendrait en un écho sonore, presque moqueuse et qui lui donnerait une migraine atroce par la suite. Au bout de quelques minutes, elle finit par se taire. Ses deux paumes s'appuyèrent sur le mur et elle y posa également son front. La fraîcheur lui fit le plus grand des biens et elle sembla se calmer. D'ici une bonne quinzaine de minutes, elle retrouverait en partie sa lucidité. Alors là, peut-être serait-elle prête à ravaler sa fierté pour remonter à la surface et affronter tous ceux qui l'avaient vu dans un tel état. Je dis bien peut-être. Elle pouvait tout aussi les balayer en créant une tornade ou les brûler vif en faisant appel à la puissance destructrice de la foudre. Tout ça en restant sagement cloîtrée ici.
Bref, elle resta immobile un moment... Jusqu'à ce qu'un haut-le-coeur vienne la surprendre. Elle parvint au moins à conserver sa dignité et l'alcool qu'elle avait consommé à l'intérieur de son estomac, mais une crise de frisson vint à son tour l'éprouver. Elle toussa un peu et se détacha du mur pour se frotter les bras. Depuis quand n'avait-elle rien ressenti de pareil? Il y avait fort longtemps qu'elle n'avait pas pris une telle cuite. Une verre de plus et elle aurait été encore plus mal en point...
Que se serait-il passé si elle serait directement retournée à l'école? Si elle était tombée sur des membres de la direction? Sur Zephir? Sur Mathias? Sur un groupe d'élèves n'ayant pu trouver le sommeil et ayant choisi de se promener dans les couloirs de l'établissement? Elle aurait été dans de beaux draps, oui.

Heureusement, cet endroit sombre et peu rassurant l'avait accueilli à bras ouverts. Ou plutôt, à tombes ouvertes.
Se remettant en marche, malgré la vague de froid qui l'envahissait, la jeune femme finit par aboutir dans une rotonde au plafond assez bas. Ce devait être une salle de 'repos éternel', là où quelques corps avaient été entassés dans des tombeaux de grès ou de marbre. Une luminosité plus intense se dégageait de l'endroit et l'odeur était réellement horrible. Ce ne fut toutefois pas suffisant pour que la professeur de survie se vide l'estomac. Il en fallait un peu plus pour lui donnée la nausée...
Au centre, il y avait bien une sorte de banc en pierre. Grise, évidemment, comme tout le reste. Mais quelques tâches sombres y siégeaient encore. Du sang séché? Peut-être... Avec sa vision légèrement embrouillée et ses sens réduits au minimum, elle ne pouvait pas donner un diagnostic certain.

Quoiqu'il en soit, elle alla s'y asseoir. Se reposer un peu lui ferait du bien... Les coudes posés sur ses cuisses et son visage caché dans ses paumes, la sorcière attendit. C'était tout ce qu'elle pouvait faire dans un tel cas; sans un livre de magie spécifique ou une décoction particulière, elle ne pouvait pas se guérir elle-même de son mal. Aussi, il lui fallait patienter. Le temps demeurait son meilleur allié comme son pire ennemi, car même s'il dissipait les méfaits de la boisson, il semblait prendre un mauvais plaisir à ralentir et à donner l'impression d'être inexistant.

" Si ça... continue... hic!... je... je vais finir comme toi... hic! "

Non loin de son banc, il y avait une statue à demie grugée par l'humidité et les années. Elle ne savait pas ce qu'elle représentait exactement - un homme ou une femme? -, mais avec ses ailes déployées, on aurait dit un ange. Une sorte de gardien... Elle l'avait vu et maintenant, Mara s'était à nouveau redressé pour l'observer.

" Pourquoi tu... hic!... me regardes comme... ç... ça?! "

Et voilà qu'elle se mettait à faire la conversation à une statuette... Si quelqu'un voyait ça... Sa réputation serait ruinée.

Messages : 7 Date d'inscription : 07/08/2009

Comme les combats de rue étaient très bruyants et que les nerfs en souffraient, un peu de méditation ne faisait pas de tort à la demoiselle Ange. L’atmosphère de cette école ressemblait beaucoup à cela. Les élèves parlaient fort, courraient, riraient aux éclats. Disons que cela n’avait pas pour effet d’apaiser la jeune fille. C’est donc dans le but de retrouver un peu de paix d’esprit que Lilith se rendit dans les catacombes. Qui allait s’aventurer là, surtout à cette heure? Qui allait s’aventurer, point? Cet endroit lugubre faisait froid dans le dos. Même les Sorciers et les Démons hésitaient avant de s’y engouffrer. Oui, décidément, c’était la meilleure place pour être tranquille. La décision fut alors prise : passer la nuit entière dans les catacombes ferait le plus grand bien, psychologiquement, à Lilith. Après tout, changer de milieu n’est pas toujours facile, il faut du temps pour s’habituer à toutes les subtilités du nouvel environnement.

L’air était très froid, dehors. Comme elle ne portait habituellement que son armure de métal, ce qui la ferait encore plus frissonner, Lilith décida de se vêtir autrement. Au lieu de son accoutrement de toujours, elle enfila des pantalons et un chandail, puis passa les bras dans un manteau léger. Ce serait déjà mieux. Puis, enfin prête pour aller prendre l’air, elle sortit de l’école en cachette. Dieu merci, elle pouvait être beaucoup plus discrète en sortant par la fenêtre de sa chambre que par la porte principale du building et, tout ça, grâce à ses ailes.

Lentement, elle se dirigea vers les catacombes. Elle se laissait porter par la douce brise du soir, relaxant un peu, par la même occasion. Quelques instants plus tard, elle se posa devant l’entrée de son lieu de refuge. Tout avait l’air calme, même pas de rats en vue. Le silence de la nuit la fit frissonner un peu, mais n’était-ce pas ce qu’elle souhaitait, la paix?

D’un pas décidé, elle entra. Il faisait très sombre et certains couloirs étaient très étroits. Elle eut un peu de misère avec ses ailes, mais, au final, tout se passa bien. Elle atterrit finalement dans une pièce. Malgré le plafond qui ne semblait pas très haut, elle paraissait assez spacieuse. Il y avait même plusieurs cercueils de pierres qui se côtoyaient à travers la pièce. Au centre de celle-ci, il y avait un banc. Lilith voulut s’y asseoir, mais elle aperçut le sang à la toute dernière seconde. Elle se ravisa et se dirigea vers un des cercueils pour lire le nom qui y était inscrit.

Elle n’eut pas le temps de le faire puisqu’elle entendit des bruits provenant du corridor par où elle était arrivée. La personne qui marchait en sa direction semblait avoir de sérieux problèmes d’équilibre, sans compter cette forte respiration. Pour passer inaperçu, c’était complètement raté. Lilith se dit qu’il serait intéressant de savoir qui était cette mystérieuse personne alors elle se métamorphosa en une superbe colombe. Elle alla se poser sur la statue, désintégrée par le temps.

Après quelques instants d’attente, la curiosité de Lilith fut enfin satisfaite. Devant elle se trouvait une jeune femme. Trop vieille pour être une élève, en tout cas! Ce devait être un prof... Soit Mlle Darkness ou encore Mlle Iyumi. Mais Angelinn Darkness était un Démon et celle qui se tenait à moitié debout dans les catacombes n’arborait aucune aile. Ce qui voulait dire que c’était Mara-Anni Iyumi qui s’assoyait en ce moment même sur le banc tâché de sang.

Si ça... continue... hic!... je... je vais finir comme toi... hic!

« Mais elle s’adressait à la statue, ma parole! Elle est complètement folle! » Soudain, l’odeur d’alcool parvint aux narines de l’Ange et elle comprit alors l’étrange comportement de la Sorcière.

Pourquoi tu... hic!... me regardes comme... ç... ça?!

Avait-elle décelé sa présence? Lilith en doutait, mais comme Mara parlait dans sa direction à elle, on ne sait jamais. Après quelques minutes d’observation, la jeune guerrière décida de révéler sa présence. Elle prit son envol et vint se poser sur le banc, aux côtés de la Sorcière, en roucoulant. Le résultat fut instantanné.

» Absences de Lilith Djynn
» Lilith Djynn, ange guerrière