Petite sieste [Ouvert]

Ah! Le silence! C'était le son que Zeph adorait le plus. Aucune pensée, aucun bruit. Enfin. Il se dirigea vers la fenêtre et l'ouvrit grand. L'air lui fouetta le visage et il ferma les yeux sous la caresse du vent, qui se fit un peu plus douce. Ça sentait bon, ça sentait la nature, la rosée sur les feuilles d'arbre, bref, la plus belle odeur du monde.

Il parcourut le paysage des yeux, mais le terrain était complètement désert : aucun élève ne s'y baladait, ni même un professeur. C'était on ne peut plus tranquille. L'atmosphère était géniale et apaisante. Il soupira et s'accouda sur le rebord de la fenêtre. Perdu dans ses pensées, pour une fois, il n'entendit pas le petit oiseau se poser à ses côtés. Ce fut seulement lorsque celui-ci lui pinça un doigt qu'il s'en aperçut. Zeph le prit donc dans ses mains et l'observa un instant. L'oiseau, un peu en déséquilibre, ouvrit les ailes pour s'envoler. Le sorcier lui donna un peu d'aide: il souffla vers l'animal ailé, et un courant d'air s'emmêla dans les plumes, pour ensuite soulever l'oiseau dans les airs.

Zeph bailla. Il s'ennuyait. Il décida donc, étant données les circonstances idéales, de s'étendre sur le sofa et de piquer une petite sieste, question de reprendre du poil de la bête. Tout ce qu'il espérait, c'était que personne ne vienne le réveiller. Il serait de mauvaise humeur, il le savait que trop bien.

Il mit un coussin sous sa tête et fixa le plafond jusqu'à ce que ses paupières s'alourdissent et qu'il sombre dans un sommeil profond.

Invité

Pourquoi s’obstinait-elle à rentrer dans ces dortoirs, alors qu’elle n’avait rien à y faire ? Pourquoi continuait-elle à y prendre un thé, avec deux sucres et une touillette, s’il vous plait, alors qu’elle savait pertinemment qu’elle le laisserait en plan, l’ayant juste senti et reniflé, chérissant cette odeur ? Justement pour cette bonne dernière raison. Parce qu’il lui suffisait de prendre ce thé, de s’installer en observant la neige tombée, et elle pouvait se plonger dans ses pensées. Dans ses souvenirs. Un moyen comme un autre de ne pas oublier ce qui avait fait son passé, ce qui l’avait amené à être ce qu’elle était aujourd’hui.
Elle pouvait, alors, repenser aux bons moments, revoir les terres du nord,...

Son regard était donc perdu dans le vague, ses belles prunelles vertes semblant fixer un point seul visible d’eux. Ses mains s’amusaient machinalement, faisant tourner entre ses fins doigts trop clairs la tasse bouillante, lui arrachant par instant un sourire – à moins que ce ne soit ce que Vlex voyait, revoyait-.

Comme s'ils avaient la neige en horreur, un groupe de jeune pénétra dans les dortoirs, et ils parurent tout d’un coup pleins. Être ici, entourée de nombreuses personnes, avec leurs odeurs, leurs cœurs qui battaient, pouvait se révéler dangereux. Alors oui, elle était presque certaine de pouvoir fermer ses sens, de pouvoir s’empêcher de respirer et de pouvoir fuir. L’idée d’y être obligée n’était pas plus tentant, cependant. Se contrôler à chaque instant... c’était le plus important. La plus grande victoire était celle qui se fait sur soi-même.

Alors que malgré tout, sa nervosité grimpait en flèche – odeur mouillée, qui intensifiait tout, jeunes qui criaient de joie -, un bruit attira son attention, proche d’elle. Il n'était pas rare de voir des personnes comme ça : à ses côtés se tenait un jeune homme, allongé sur un sofa, dont elle n’aurait pû dire l’âge, l’estimant tout de même proche du sien, parce qu'elle préférait qu'il soit élève que professeur. Cherchant à le reconnaitre – quelques jours qu'elle était à l'école, quand même !-, elle ne le parvint. Néanmoins, quelque chose chez ce sorcier, puisque c’en était un, réussit à donner l’envie à Vlex d’en savoir plus. Se retournant à moitié sur son fauteuil, elle eût un sourire on ne peut plus aimable, ses yeux brillants de joie, sa nervosité déjà lointaine.

- Ils font du bruit, n’est-ce pas ?

Simple question rhétorique, pour commencer la conversation. Bien sûr qu’ils étaient bruyant, puisqu’ils étaient dans la force de l’âge.

- La météo a-t-il un impact si important sur notre comportement ?

Sujet banal. Mais que dire d’autre, alors que Vlex ne savait pas qui était cet élève, ne connaissant même pas son nom ?

Tout comme à son habitude, Zeph avait eu un sommeil dénué de rêves. Il avait déjà assez d'images en temps normal, provenant de tellement de sources différentes, que ça faisait du bien, pour une fois, d'avoir l'esprit totalement vide, même s'il n'en était pas conscient. De toute façon, cet état de repos ne durait jamais bien longtemps. Effectivement, alors qu'il sortait des bras de Morphée, il entendit un brouhaha de conversations, émanant des élèves qui rentraient de dehors. La température avait changé depuis qu'il s'était assoupi, et cela avait l'air d'avoir eu un effet sur le comportement des plus jeunes. Un effet qui était très désagréable aux oreilles du Sorcier.

Puis, il sentit une présence, assise sur le fauteuil, près de lui. Il y avait aussi une drôle d'odeur... Ah, c'était du thé! Voilà, il venait de replacer le breuvage. Il bougea un peu, ce qui fit un léger bruit. Il attira l'attention de la personne, qui semblait être de type féminin. La tête de l'individu se retourna, faisant virevolter les longs cheveux bruns. Zeph sentit la présence se pencher subtilement dans sa direction, afin de l'étudier. Il laissa la personne faire, amusé. Durant ce temps, il lisait ses pensées. C'était la première fois qu'il avait à faire avec cette personne. Il ne l'avait jamais croisée dans l'école depuis qu'il était là. Bizarre. Il avait pris le temps d'étudier, de loin, tout ceux et celles qui entraient ici. Sa curiosité en fut piquée.

La jeune Sorcière commença à lui parler. Il décida de lui répondre, question d'apprendre à la connaître. C'était quelqu'un de sa race, ça ne pouvait lui faire de tord.

Tu parles... lança-t-il avec découragement. Je me demande bien pourquoi ça les excite tant. C'est tellement banal, comme phénomène.

Invité

Le sourire de Vlex se teinta d’une pointe d’amertume, alors que son voisin de siège évoquait la banalité de la chose... Oui. Mais pour la jeune sorcière Sighmund, ceci remontait à si longtemps, que cette joie enfantine, insouciante et candide, avait perdu de son charme, et jalousait ceux qui y avaient accès, en prenant encore du plaisir.
Néanmoins, elle acquiesça légèrement, son sourire redevenant joyeux et chaleureux.
- Toi aussi, tu as du recevoir une éducation sèche !

Pendant quelques secondes, elle resta pensive, tournant et tournant encore la tasse de thé à peine chaude maintenant. Un phénomène banal, c'est le moins qu'on puisse dire pour une nordique. Était-ce tout de même une raison pour en profiter et crier comme ce n’était pas possible? Avaient-ils pour autant le droit de gêner les autres? Vlex ne se serait pas gênée, la réponse devait alors être oui.

La gamine qui prenait un thé, elle, savait se contrôler. D’abord parce que la neige faisait partie intégrante de sa vie, et puis parce que les gouttes ne la gênaient pas. Elles n’étaient pas froides, et elles ruisselaient sur sa peau marmoréenne sans même s’arrêter. Certes, le gros désavantage était ses cheveux, qui eux prenaient tout de même l’eau, s’emmêlant en restant toujours parfaitement coiffable... Finalement, ce n’était pas un désavantage. Au pire un contretemps gênant, mais pas méchant. Enfin.

La petite sorcière prit le temps de réfléchir, tournant encore une fois machinalement sa tasse. Elle reprit la parole, de façon à continuer son interrogatoire - espérant ne pas passer pour une curieuse qui ne pouvait tenir sa langue plus de trois secondes en suivant -.
- Eh bien, la météo peut si vite changer ! Dire qu'il y en a qui peuvent le faire d'un claquement de doigt... Vous en connaissez ? Je connais juste madame Iyumi pour faire ça.

Enfin, et affichant dans le même instant un air étonné de ne pas y avoir pensé auparavant, elle annonça gaiement.
- Ah oui, je suis Vlex, au faite ! Et désolée de mes questions.
Ses yeux émeraudes se détachèrent enfin du jeune homme, pour revenir aux petites bandes qui riaient maintenant aux éclats, heureux de vivre, innocents, si adolescents.
- Mais tu devais surement le savoir, juste avant que je ne le prononce.

Zephir, après avoir prononcé sa dernière phrase, remarqua que ça avait affecté la jeune Sorcière. Il Regardait tranquillement les pensées qui défilèrent et s’aperçut qu’ils se ressemblaient beaucoup sur le côté historique. Elle aussi avait eu des parents sévères et peu proche de leur enfant. Elle confirma l’impression lorsqu’elle ouvrit la bouche pour relancer la discussion, après un petit temps mort.

* Ainsi elle vient du Nord? C’est intéressant. Je n’avais jamais entendu parler d’un groupe de Sorciers qui vivaient dans ce coin du monde... Ce serait un bon sujet à aborder avec elle... Comment s’appelle-t-elle, déjà? *

Il sourit lorsqu’elle pensa à ses cheveux qui s’entremêlaient lors d’un contact avec de l’eau. Lui, il avait réglé le problème : au Diable l’apparence! Il était comme il était, un point et c’est tout. Il prenait soin de son corps, mais au minimum, sans plus. À quoi cela servait-il, de toute manière?

- Eh bien, la météo peut si vite changer ! Dire qu'il y en a qui peuvent le faire d'un claquement de doigt... Vous en connaissez ? Je connais juste madame Iyumi pour faire ça.

Un rictus se dessina sur ses lèvres. Il décida de lui faire une petite démonstration... lorsqu’elle allait arrêter de parler, évidemment! Sa langue ne cessait de bouger et formait mot après mot. Finalement, elle se présenta et s’excusa de parler autant.

* Enfin! Elle a arrêté! Je vais enfin pouvoir placer un mot! Elle pense tellement vite qu’il faut que je me concentre pour déchiffrer ses pensées! Quel moulin à parole, ma foi! *

- Mais tu devais surement le savoir, juste avant que je ne le prononce.

Zephir resta interdit devant cette affirmation, qu’elle avait prononcée avec autant d’aplomb que si elle avait été sûre de ne pas se tromper. Et, en effet, elle ne se trompait pas! Mais comment avait-elle su?

Que veux-tu dire par là, Vlex? D’où sors-tu un truc pareil? Eh puis, on ne se connaît pas, comment aurais-je pu savoir ton nom?

Il se redressa en position assise et la regarda dans les yeux.

Invité

Oui, fesait s'il vous pouvez , sil vous plait la discutions avec celui-ci avait vraiment été une bonne idée. Il sentait étrange, mais il était trop tôt pour tirer des conclusions hâtives. Enfin, on ne pouvait pas dire qu'il n'est pas du genre à poser des questions trop indiscrètes ou impolies. De toute façon, pour la gamine, sa présence était vraiment agréable, et permettait, pendant un instant, d'oublier les effluves de ces autres arrivant qui sentaient fort la sueur de la journée, et mouillée par la neige.
Les yeux de la sorcière s'ouvrirent grand d'étonnement, alors que le jeune homme s'était relevé pour la toiser du regard, cherchant une réponse quelque part. Un quelque part que Vlex connaissait trop bien. Pendant quelques secondes, elle se perdit dans ses pensées, tentant de penser à autre chose, comme à es autres nouveaux sorciers qui avaient leurs chaussures chargées d'humidité, et dont l'odeur allait... et puis non, elle s'avoua vaincu. Intriguée, elle reposa la tasse sur une table basse, et s'appuya sur ses coudes, glissant son menton dans ses mains jointes.
- Hmm... En me rappelant des terres du nord, je n'ai pas pu m'empêcher de lire dans vos pensées...
Ses prunelles vertes se relevèrent un peu, cherchant en vain quelque chose d'introuvable. Les souvenirs... N'était-ce pas la meilleurs partie de la vie, celle qui permet de piocher dans son passé, de prendre des risques, de s'amuser, de paraître enfant et presque adulte à la fois ? Pour Vlex, les souvenirs des premiers sorts, des découvertes, restaient ancrés dans sa mémoire, même s'il était visibl" comme à travers un filtre, celui de ce vilain mécanisme de télépathe.
en repensant, elle n'était même pas sûre que son interlocuteur possédait ce don, entrouvrant brièvement son esprit par maladresse et le quittant aussitôt. La sorcière avait trébuché sur "déchiffrer". Se baser sur un si petit mot... Vlex aurait pu continuer de décrypter ses pensées, mais en entrant dans cette école, la fillette s'était dit d'utiliser son pouvoir au minimum. Mais qu'importe.

Elle avait eu ce petit sourire hésitant, dans lequel ne filtrait aucune hésitation maintenant. Discuter était agréable, surtout une tasse à la main, qu'elle resaisissa doucement.
- Ah oui, je prétendais que vous "le" saviez avant que je ne le prononce, mais je peux me tromper... Ha, ha...

Pour la première fois, elle porta enfin le bord du récipient à ses lèvres, faisant disparaitre le thé dans ses entrailles. Ah, les aliments froids étaient tellement mieux assimilés... Reposant la tasse vide, elle porta son regard sur les grandes fenêtres du salon.
- J'aime assez les couleurs et les formes que font apparaître les larmes glacées des cieux. J'ai l'impression de rêver, leur reflet est tellement magnifique, et puis c'est tellement naturel... J'apprécie assez bien les choses banals et toi alors ???

La seule façon qu’elle avait de prétendre une telle chose, c’était, évidemment, si elle possédait le même don que lui. Mais en y repensant, il n’avait pas pensé grand-chose qui pouvait mettre la puce à l’oreille de Vlex. Non? Il essaya de creuser dans sa mémoire, mais elle devait s’y attendre puisqu’elle pensait à des choses totalement absurdes. Sans les renseignements qu’il puisait habituellement dans l’esprit des autres, Zeph se sentait un peu nu. Au fil des années, son pouvoir était devenu permanent, dans le sens qu’il ne pouvait plus s’en passer. Il était toujours présent, c’était comme son sixième sens. Quand il rencontrait des gens qui étaient capables de penser à des idées qui camouflaient les vraies pensées, comme Vlex, ou d’autres qui étaient totalement capables de bloquer leur esprit durant un certain temps, comme Kira, il se sentait complètement démuni. Même s’il n’arrêtait pas de chigner à cause du tourbillon de voix à ses oreilles, Zeph avait souvent peur du silence.

- Hmm... En me rappelant des terres du nord, je n'ai pas pu m'empêcher de lire dans vos pensées...

Voilà, mystère résolu! Vlex était, tout comme lui, une Lectrice. Le don était quand même très répandu dans le monde des Sorciers, il aurait dû se douter qu’elle avait de grandes chances de le maîtriser aussi. Il trouvait agréable de connaître quelqu’un qui ressentait la même chose que lui. Enfin, il imaginait qu’elle devait avoir les mêmes problèmes...

- Ah oui, je prétendais que vous "le" saviez avant que je ne le prononce, mais je peux me tromper... Ha, ha...

Il ne disait rien, la regardant boire son thé froid, finalement. Il remarqua qu’elle porta son regard vers la fenêtre. Elle parlait de la neige, cette matière froide et mouillée que Zeph était supposé être capable de contrôler. Il n’y était pas encore. Seul le vent ne lui opposait aucune résistance. Probablement parce que le jeune Sorcier avait compris la phrase « libre comme le vent. » Il leva les yeux vers la jeune fille. Décidément, elle n’arrêtait pas de parler... et il aimait ça! Il préférait, et de loin, écouter.

Tu as raison, je le savais. Pour ce qui est des choses banales... Je ne sais pas vraiment. Si tu crois que la neige est banale, je te mets au défi de la contrôler. Tu vas voir qu’elle est plus complexe qu’elle ne veut bien le laisser voir.

» Toute petite absence :')