Vert... Comme nos yeux... Faisant le voeu... Solennel et éternel... De foutre le bordel ! Acte 1 : A la biblio ! [XЄŦĦ]

Il s'agit d'une bibliothèque de taille gigantesque, contenant tous les livres possibles, dont toutes les salles hexagonales sont disposées d'une même manière. Pour vous situer le nombre de salles, chacune représente un genre littéraire. Les livres sont placés dans des étagères comprenant toutes le même nombre d'étages, et recevant toutes le même nombre de livres. Comme tout lieu mystique qui se respecte, les rayons contiennent, invraisemblablement, des ouvrages datant des temps anciens, des prophéties, et encore d'autres genres, parmi un nombre immense de livres sans aucun contenu lisible...

Malheureusement, même les bibliothèques connaissent le même schéma actantiel que les romans : un élément perturbateur. Cet élément perturbateur, c'était cette fille, en train de voltiger d'échelle en échelle...

- Mademoiselle ? Veuillez descendre de là, s'il vous plaît ?

S’amusant à les utiliser sans but apparent, cette constatation fît monter sourcils d’une vieille dame, alors qu’un pli naissait entre ces deux derniers.

- Euh... Mais j'aperçois enfin le livre que je cherchais...

Cette parole, dite d’une voix douce, rassura la bibliothécaire, s'épongeant le front. Ses lèvres ne laissèrent échapper qu’un " Um, bien... Fort bien. ", avant de laisser des pas aigus, résonnant et s'estompant, dans la salle hexagonale dédiée à la sorcellerie. Les roulements d'échelles continuèrent toutefois, avec une plus forte intensité.


- Pffu... Les adultes... Toujours à s'inquiéter... Qu'ils arrêtent d'écouter MurphSCHOUPF !

Telle une patate sautant d'un pont, l'échelle venait d'éjecter l'occupante, au bout de l'étagère. Mais telle une patate qui aurait des bras, cette dernière attrapa une mouette qui passait par là, par ses pattes. Une mouette avec des ailes noires.

Vlex restait perplexe. Était-ce vraiment un démon ? Cette éloquence, c'était digne d'un ange éduqué comme il faut, mais ce pouvait être aussi le profil du diable. Explorant, sans pudeur, les pensées de celui qui se tenait en face d'elle, les yeux de cette dernière reflètait ce qui en était. Sapristi. Des pas martelaient dangeureusement vers eux. C'était évident qu'il fallait partir illico presto. Rien qu'à penser que la bibliothécaire pourrait les sermonner comme le feraient ses parents, les sourcils de la sorcière s'arquèrent méchamment.

- Peut-être que quoi ? As-tu vraiment envie d'aller en retenue ?

Elle lui saisit le bras droit avec une poigne furieuse. L'esprit qui accompagnait la nécromancienne s'exprima encore, dans un " Xi'acd-la xia di vuic, Jmaq ! Ha mie cyecec byc ma pnyc lussa çy ! ". Machinalement, elle regarda cet être invisible.
- Toi, occupe-toi de nous dissimuler.
De plus en plus, les talons aiguillonés de la bibliothécaires augmentait en cadence. Mais pas seulement. Au fur et à mesure, les deux corps des perturbateurs se flouaient. L'entraînant dans son recul, la fillette emmena le jeune homme dans une allée d'étagère, sans grande surprise. La sorcière saisit alors le démon par le col pour lui faire baisser la tête, mettant ses lèvres à l'hauteur de ses oreilles.

- Écoute, soit nous nous enfuyons, comme si de rien n'était, soit nous nous faisons gronder, et cette dame ne se contente pas de peu, crois-moi. Sache qu'on peut s'entraider.

Relâchant prise, elle regarda, tant bien que mal, au-dessus de la tête de celui qui pourrait être son complice. Son regard s’attarda sur une source de lumière au plafond qui venait de la salle voisine, alors qu’elle s’immobilisait quelques secondes de façon à bien pouvoir l’observer. Si on ne lui avait pas fait remarquer, elle n’y aurait sans doute jamais fait attention. Ce volatile aux ailes noires, c’était si loin de ce qu’elle avait pu voir dans ses souvenirs... curieuse, elle s’approcha un peu. Elle ne put s'empêcher de sourire dans cette situation. L'architecte de ces lieux était vraiment ingénieux.

Lorsque Xeth comprit qu'elle venait de lire dans ses pensées, il afficha un sourire d'amusement et se dit en son for intérieur, tout en regardant intentionnellement la sorcière :
*Alors ainsi, serait-ce l'un de vos pouvoirs ? Pouvoir lire dans les pensées, mais je n'ai pas pour habitude me montrer si simplet, alors...*
Respirant quelques secondes, il poursuivit.
*Nous nous en occuperons plus tard. Il y a un problème bien plus important à régler, et, moi non plus, je ne tiens pas à être sanctionné si tôt.*
Allons-y, et gardez bien ce livre en main, déclara-t-il.
Déployant ses ailes, Xeth prit son envol et arriva à plusieurs mètres de hauteur pour aller dans un autre secteur. La plupart d'entre eux étaient complètement vides, comme les élèves s'étaient essentiellement réunis dans l'autre allée.
*Il ne reste plus que ceux qui sont complètement désintéressés, et qui se tairont certainement. Néanmoins, évitons les risques et allons...ici !*
Il put en effet constater que c'était un secteur consacré aux livres Nékos, qui, de nature curieuse, s'étaient tous retirés et avaient laissé la zone vide. Xeth se posa, prit un livre quelconque avec précipitation et l'ouvrit simplement, mais il écoutait plutôt une responsable qu'il avait aperçu en vol arriver. Cependant, elle se retira, comme si elle n'avait aperçu personne, tandis que Xeth avait oublié que l'esprit les dissimulait.

Continuant à marcher, la femme rejoignit l'autre bibliothécaire, désormais devant la section de laquelle les deux personnes venaient de s'enfuir. Elle déclara :
Je n'ai vu ni démon ni sorcière vers l'endroit indiqué. Alors dans ce cas...
Alors cela veut dire que vous êtes les responsables de ce désordre ! Vous devriez avoir honte, à ravager la bibliothèque ! Et pensiez-vous vraiment vous en tirer ainsi ? Jamais ! Vous avez été trouvés devant cette allée, et vous êtes les seuls présents.
Mais puisque nous vous disons que ce n'est pas de notre faute !
Bien sûr ! Les livres sont tombés tout seuls parce qu'ils voulaient vous assommer et vous étouffer, je suppose ?! Donnez-moi vos noms. Pour avoir mis le désordre dans ce secteur, vous devrez ranger tous ces livres et utiliser vos propres pouvoirs pour réparer ceux qui sont abîmés ! Et soyez fiers que je ne vous donne pas plus à faire !
Plongés dans leurs protestations désespérés, certains se dirent :
*Si jamais ils sont retrouvés, ils passeront un sale quart d'heure !*

Au loin, il était facile de les entendre, et Xeth commençait à s'inquiéter...
Elle est vraiment cruelle. Je connais peut-être un moyen d'éviter leur rancœur, mais peut-être pourriez-vous en proposer un autre ?

Perspicace volatile que voici. Remarquer dans un tel moment de confusion qu'elle pouvait lire dans les pensées, c'était avoir le sang froid et les deux pieds sur terre. Quoique cette dernière image ne lui allait pas vraiment. Parce que, une fois de plus, il arbora cet ensemble de plumes noires dont il était si fier, avant de prendre un envol vers cette source lumineuse, qui leur garantissait une fuite impeccable. La délicatesse de l'atterrissage mena les fugitifs dans la section de bibliothèque vouée au nékotisme. Tranquille, comme l'a constaté son complice. Jusqu'à maintenant, il avait fait un combo de bons choix.

Inutile de décrire cette salle tout aussi particulière que les autres. Il serait bon de dire tout de même, que les étagères étaient ornés de laurier et de roses éclatantes, dressées fièrement avec l'appui d'allamanda cathartica, ces fleurs jaunes aussi douces et resplendissantes que les rayons du soleil. L'endroit était très coloré, déployant ces multitudes de fleurs et ouvrages, dont les contenus, malheureusement, n'étaient pas vraiment diversifiés, traitant partiellement les mêmes sujets, simplement rédigés sous différents plumes. L'atmosphère était loin d'être aussi mystique et enchanteresse qu'à la section portant le nom sorcellerie, car les deux mots qui viendraient à l'esprit ici sont tendresse et quiétude. Le premier nom poétique que vous auriez envie de donner, c'est Eden Écrit. C'est tout ce qu'il y avait à en dire.

Après une brève inspection de cet nouvel environnement, Vlex parcourut, de sa chair manuelle, ces sources de parfum, le long de ces sentiers aux livres, un plaisir qui s'acheva rapidement. La petite môme reconnaitrait entre mille les vociférations de la charmante bibliothécaire. Dommage qu'il n'y en ait qu'une, ici. Et ça semblait être assez proche. En consultant le regard de son voisin le rapace, ses yeux jadéites se dirigèrent aussi vers l'entrée.

- C'est...

Les mots ne vinrent pas comme elle l’aurait souhaité. Bizarre ? Non, ce n’était pas ça. Lugubre ? Pas du tout. En reprenant contact avec l'esprit du volatile, elle était assez stupéfaite d'y revoir de l'anxiété, et d'une envie de porter le chapeau comme il se doit, assumer et réparer les bêtises faites. Aider ? Humpf, c'était bon pour les nékos et les anges, ça. Mais ils n'allaient pas venir en aide à ces spectateurs dérangeants, non. Les gens du mal connaissaient bien le mot Responsabilité. Voilà, les deux rescapés étaient responsables, et ils allaient gommer ces ratures d'eux-mêmes. Enfin soit, elle ne continuera pas sa phrase sur un adjectif, et afin de bien faire comprendre ses pensées sans qu'il n'ait le don, fixa intensément celui qui se tenait à ses côtés.

- C’est donc sur ça que tout va commencer ? Tout ça à cause d’une échelle sans frein et d'une simple mouette ?

Elle avait utilisé le "simple mouette" avec un air malicieux. Il était plus que ça, elle en était consciente.

- Tu es étrange comme démon.

La sorcière marqua un temps d'arrêt. Quelque chose venait de la titiller, elle ne savait pas trop quoi. Non, ce n'était pas l'esprit, qui d'ailleurs les avait abandonné là, en ayant fait du bon boulot toutefois. Il y avait quelque chose de pas net, malgré l'ambiance de cette salle. Mais après un long soupir, elle se resaisissa et parla, encore.

- Faire le ménage me grandira peut-être un peu, après tout. On va attendre que les élèves à l'éntrée s'éloignent, pour ensuite demander à la gérante de rendre innaccesible ces lieux, le moment de ranger ce foutoir. On sera au calme et il n'y aura plus ces regards indiscrets. Quand ce sera de nouveau accessible, ce sera tout propre, et ce sera donc oublié. Non ?

Massant son menton, Vlex se rendit compte que ce devait être dur, à son acolyte, d'en placer une. Elle fit semblant d'attendre comme si le temps allait vite passer, qu'elle n'avait pas besoin d'occupations, mais la vérité est qu'elle aimait bien écouter les autres parler, attendant donc une, ou plusieurs réponses.

Un sourire malicieux naquit une nouvelle fois sur son fin minois, alors qu’il avait déduit qu’elle se connaissait dans le domaine, pour avoir plus de recul. À sa connaissance, la sorcière ne se rappelait pas du tout l’avoir rencontré auparavant. Sa capacité d’analyse était vraiment d’un bon niveau. Frétillante, et s’appliquant à paraître humaine, elle repoussa ses longs cheveux lisses, laissant un courant d’air chaud et chargé d’humidité effleurer sa peau. Puis elle se releva la tête, guettant son visage de ses grands yeux. Pourquoi avait-il cessé de parler et de penser ?

Finalement, c'est elle qui reprit la parole.
- Moi ? Ne t’en fais pas, je peux quelques fois me montrer discrète. Quelques fois.
Craignant de ne pas être comprise, la jeune fille attendit quelques secondes puis reprit, daignant enfin fixer Xeth avec un curiosité non feinte.
- Chacun fera ce qu’il a à faire de son propre côté, en plus du rangement.
Humpf, que ne pas savoir était agaçant... Mais ne désirant plus s’étendre sur ce sujet, qui pourrait se retourner contre elle, la sorcière se releva activement, rabaissant la tête pour regarder s’il n’y avait pas de souillure sur sa robe. Impeccable, mais plus pour longtemps. Redoutables étaient les postillons de la bibliothécaire.
- Il est temps d’aller replacer quelques livres !

Vaillamment, marcha la sorcière. Survolant, se déplaça surement le démon. Surement, parce qu’elle avait à cet instant la tête bien droite, préparant son visage à rester ferme, ne pouvant épier quoique ce soit derrière elle. Malgré tout, à quelques mètres de l’accueil, ces traits faciaux se déformèrent. Là-bas, qui était-ce ? Serait-ce une illusion ?

Lui revint son esprit à temps. Vlex se tenait présentement devant la commode, derrière laquelle était assise la réceptionniste. Elle avait repris une certaine maîtrise de ses muscles, mais sa voix ne s’était pas clarifiée comme elle l’aurait voulu.
- Bon...jour...
Une infime demi-seconde de silence, et soudainement la voix de la femme s’éclaira, comme si elle se reconnectait à cette réalité qu’elle était au travail.
- Bonjours, demoiselle et damoiseau ! Puis-je vous aider ?

Horrible ! Cet individu paraissait si décalée et gentille que c’en était infâme ! Où était donc passé la farouche et ferme bibliothécaire que la sorcière connaissait ? Y en aurait-il donc deux ? Plus ? En regardant son oreille droit et son cou, elle aperçut des bijoux, dont l'éclat était comparable à sa peau de pêche. Ce ne pouvait pas être celle qu'elle devait subir. Sœurs jumelles... Il fallait qu’elle tombe toujours sur la plus rigoureuse. Dégoûtée, l’une de ses paupières était semi-ouverte, ses lèvres s’étirant de ce côté. Ça allait être plus facile que prévu.
- Nous... aimerions beaucoup ranger le désordre présent dans la section sorcellerie.
- Oh... Vous en avez déjà entendu parler ! Ça se répand si vite !
Pas de questions dérangeantes ? Pas d'esprit tourné vers le pessimisme ? Incroyable.
- Eh bien, nous étions sur les lieux même ! Les autres élèves doivent avoir plein d'autres choses à faire, mais nous, on se porte garants !
- Vous êtes si bienveillants ! L'objectif, que madame Itsuka a fixé, semble être atteignable, pour vous deux !
- Vous trouvez ? Hun... ha, ha ! Ce pour quoi, personnellement, je préféré que ça se fasse anonymement. Ce serait bête de quitter l'enseignement si tôt ! J'aime l'école !
Acquiesçant vivement, la bibliothécaire ne put s'empêcher de rendre quelques secondes jalonnées de rires joyeux. Elle reprit sur le même ton.
- C'est si rare d'entendre ça ! Tiens, prends-les.


S'éloignant des portes, elle s'adossa contre un pilier en marbre. La sorcière fit tournoyer les clés entre ses doigts avant de l'empoigner.
- Je n'ai pas menti, n'est-ce pas ? Juste certaines choses qu'il vaudrait mieux ne pas savoir.

À la question qui lui fut posée, la sorcière recommença un tour qui éblouit Xeth, tel un enfant assistant à une spectacle de magie. Bien avant qu'elle ne commença, il lui répondit en se fiant uniquement au physique, et sans prendre en compte tous les autres détails qu'il s'était fixé. Et puis "Xethy"...drôle de nom. La sorcière s'était-elle déjà familiarisée avec lui ?
Vous devez bien avoir quinze ou seize ans, je pense.
Cette fois-ci, elle avait une magnifique chevelure argentée, semblable à celle de Xeth. Mais depuis sa naissance, il avait très bien pu comprendre que ce n'était pas une telle coloration qui caractérisait la vieillesse, comme il n'en était pas lui-même atteint. Il y pensait, maintenant... à quoi pourra-t-il bien ressembler lorsque les années passeront, si du moins il parvient à survivre ? Mais qu'importe, il fallait pour l'instant seulement vivre au présent, et rien d'autre.
Même plus jolie, vous me paraissez toujours aussi jeune, avec cette teinte de cheveux.
Puis ensuite, en exceptant certains points tels que les ailes, la taille et les vêtements, elle représentait réellement le sosie féminin de Xeth ! Et apparemment, ça lui faisait grand effet.
*Faust ressemble à Maman en plus jeune, et elle est très belle, bien plus qu'avant... Avec une paire d'ailes noires, ce serait la perfection même...*
Juste quelques années de moins que moi...
Mais voilà qu'elle reprenait son ancien aspect de sorcière aux idées viles et démoniaques, qui tira immédiatement Xeth de son fabuleux rêve. Ce n'était que du faux, mais le jeune ange ne s'était pas encore aperçu qu'il s'aimait surtout beaucoup plus que de nombreuses autres personnes. Pour l'instant, il fallait se contenter de la suivre, et donner la réponse à une énigme qu'il redoutait il y avait encore quelques minutes seulement. Debout et n'osant s'asseoir, il parla en essayant de respecter du mieux possible le silence qui régnait dans la salle.
*Pourvu qu'elle ne s'amuse pas à en éteindre d'autres ou à avoir recours à l'un de ses tours.*
"S'il y a bien actuellement treize bougies dans cette salle, dont une éteinte, il en restera donc une, le temps que les autres brûlent.
Et encore, il ignorait ce qu'elle voulait exactement dire par "fin de soirée", ainsi que le temps que les bougies prendraient pour se consumer.